Les DRM, le soucis numéro 1 de l’offre légale
Voici une réflexion issue de mon expérience de l’offre légale aussi bien en ce qui concerne la VOD (Video on Demande) ou bien l’offre de livres numériques. En France (mais aussi dans d’autres pays) les ayants droits protègent leurs contenus numériques avec des systèmes de DRM (Digital Right Management) qui permettent de bloquer l’utilisation sur des appareils qui ne sont pas autorisés ou si la période d’utilisation légale est dépassée.
Le soucis avec cela est que ces DRM imposent l’installation de logiciels supplémentaires pour pouvoir lire le contenu numérique (livre, musique ou vidéo). Ces logiciels sont, comme beaucoup de logiciels, non compatibles avec toutes les configurations et les usages des utilisateurs. C’est là le vrai problème pour l’offre légale. La vente de contenus numériques est donc conditionnée à l’installation et l’usage de solutions propriétaires pénibles à utiliser. Et on le sait tous, plus l’utilisation est complexe moins l’utilisateur sera content de son expérience et plus il ira vers la simplicité. Prenez par exemple la vente de livres numériques. L’un des formats le plus courant dans ce domaine est le epub (acronyme de « publication électronique »). Ce format est lu par l’intégralité des liseuses, mais lorsque l’on y associe un beau système de DRM, et bien ce format universel ne fonctionnera plus que sur les devices supportant ce système de protection (et donc ayant certainement signé avec l’éditeur de la DRM). On arrive donc à une situation où l’acheteur paie un contenu digital mais n’est pas assuré de pouvoir l’utiliser sur son appareil. Un risque légèrement pénible!La Fnac, elle a une autre approche puisqu’elle vend des livres numériques au format ePub avec un système de DRM fourni par Adobe. L’utilisateur achète donc un livre numérique sans savoir que sa liseuse devra supporter le format de DRM d’Adobe (FnacBook, Sony reader…), ce qui n’est pas l’intégralité des cas (Kindle, Ipad…). Alors on le voit bien on est face à un mur avec ce type de protection qui limite l’usage et nuit à l’expérience utilisateur. Je ne comprend pas pourquoi les vendeurs de contenus numériques (Fnac, Amazon and co) ne proposent pas un système avec un DRM adaptable au format du device de l’utilisateur. Ainsi sur Amazon on pourrait acheter un livre et ensuite le convertir pour un FnacBook et inversement avoir une version Kindle sur Fnac.com. Techniquement cela ne me semble pas insurmontable à mettre en place et cela ouvrirait un peu l’horizon marché de ces vendeurs. Quoiqu’il en soit aujourd’hui pour lire légalement sur un Kindle un livre numérique acheté à la Fnac il faut retirer la DRM du livre. Certes tout le monde n’est pas capable de le faire mais c’est l’unique solution pour ne pas acheter des fichiers lisibles uniquement sur un ordinateur et non pas sur la liseuse… On imagine bien que c’est bien plus facile de télécharger directement un livre piraté au format ePub sans DRM et ensuite de l’envoyer sur son Kindle via le très bon logiciel Calibre. Cette remarque est aussi valable pour l’offre de VOD qui nécessite pour certaines l’installation d’un player spécifique… Un comble tout de même, la complexité de l’offre légale avec l’usage de DRM incite au piratage légal voir illégal…
8 commentaires sur “Les DRM, le soucis numéro 1 de l’offre légale”
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Les éditeur de livres numériques devraient offrir une « bibliothèque » numérique à leurs clients : un ouvrage acheté devraient être disponible au téléchargement dans tous les formats en cours, avec la possibilité de les re-télécharger sans restriction. Si je change d’appareil, je peux re-télécharger ma bibliothèque au bon format. Je ne pense pas que cela soit si compliqué ni onéreux.
Sinon les livres devraient être proposés beaucoup moins cher, mais vraiment… là la différence n’est vraiment pas convaincante…
C’est vrai que cela n’est pas très différent en terme de prix…. Sur le dernier romain de Beigbeder il y a 4 euros de différence, en y réfléchissant c’est peut être le prix du papier mais certainement pas les coûts de transport, marketing et mise en place en librairie. Les éditeurs essaient d’augmenter leur marge sur le dos du consommateur, une attitude que l’on ne peut que déplorer!
La problématique est la même avec les jeux-vidéos, et j’en ai fait l’expérience cette année…
Je ne suis pas un grand joueur, mais il y a un jeu auquel je joue presque tous les ans (Football Manager), depuis que je suis au lycée (ça commence à dater).
À l’époque je le téléchargeais illégalement, comme tout jeune qui se respecte.
Étant maintenant salarié j’ai décidé de faire une bonne action en achetant enfin ce jeu duquel j’avais tant abusé durant toutes ces années.
Grand mal m’en a pris ! Alors que je n’ai jamais rencontré aucun problème auparavant avec les versions piratées, l’installation de la version légale m’a couté une soirée entière (au moins 4h) de bagarre avec le logiciel anti-piratage inclus dans le jeu !
Et à en croire les forums visités pour obtenir des infos, j’étais loin d’être le seul à subir ce logiciel. Les moins tenaces se sont même déclarés vaincus et se sont fait rembourser le jeu.
Pendant ce temps, ceux qui ont téléchargé le jeu illégalement en profitaient déjà depuis longtemps…
Comme quoi ces mesures de protection ne sont vraiment contraignantes que pour les acheteurs légaux !
Le DRM, dans son état actuel, est la meilleur réponse pour permettre à l’offre non légale de continuer de prospérer…
Sa présence devrait être totalement transparente… on en est loin !
Pour rappel, le piratage de musique a commencé à « baisser » non pas quand Hadopi a été annoncé, comme aime à le dire Pascal Nègre, mais lorsqu’iTunes a pu abandonner les DRM imposés par les maisons de disques.
@binbin: Je ne vois pas du tout en quoi ça empêche l’offre non-légale de prospérer. Je pense même au contraire que ça l’encourage fortement !
@Flo : plus les DRM sont contraignants, plus on se retournera vers une version piratée mais plus souple d’utilisation. Je n’achèterais pas de média numériques quel qu’ils soient si je ne peux pas les passer de manière transparente d’un système à l’autre, quel qu’ils soient…
Et quelle misère quand on change d’ordinateur… Tout doit être re-téléchargé, après avoir désautorisé le premier PC… Impossible à appréhender pour un néophyte qui ne se pose pas (et n’a pas envie de se poser) toutes ces questions !